HANANE HOTAIT RÊVE DE FEMME

« C’est la femme qui fait le vêtement, pas l’inverse », dit-elle très simplement. C’est peut-être guidée par cette idée qu’Hanane Hotait, fondatrice de sa marque éponyme, a construit son vestiaire : autour d’une chemise d’homme ! On y découvre la recherche d’une féminité absolue et moderne, on y rencontre une mode incarnée. Celle de la Riviera et des fifties quand on ne badinait pas avec le style.

Dans quelles conditions avez vous lancé votre marque en 2016 ?
En réalité, j’ai fait une école de commerce et travaillé deux ans en marketing. Je me suis rendue compte que cela n’était pas ma voie et décidé de reprendre mes études à 26 ans. Après Esmod, j’ai fait deux stages aux Etats-Unis. En rentrant, j’ai décidé de me lancer. J’avoue que le cursus marketing est un atout de taille…

Vous aimiez déjà la mode au sens large ?
Enfant, ma mère confectionnait ses propres pièces ; elle m’emmenait souvent au marché Saint-Pierre pour choisir ses tissus. C’est ainsi que toute petite, je touchais déjà aux belles matières et que j’en ai gardé le goût !

Quelle était votre première pièce ?
La chemise Mia, qui existe depuis trois collections. C’est devenu une pièce phare.
Je l’ai imaginée d’après une chemise de mon père, que je portais les manches retroussées, avec un plissé particulier. J’ai repris le volume, amélioré le tombé et les plis pour créer ce modèle aux manches ballons.

Pourquoi l’avoir baptisée Mia ?
C’est un hommage à mon mentor, Mia Haji Touma, une libanaise qui a travaillé 3 ans avec Lagerfeld, mais aussi Valentino et étudié à la Chambre Syndicale de la Couture. Cette femme admirable m’a beaucoup appuyé et guidé dans mes choix stylistiques. 

Pourquoi ce goût pour la chemise d’homme ? Quel est votre rapport à la féminité ?
Pour moi, l’élégance, c’est d’exister sans tomber dans le vulgaire de l’ultra sexy. Or c’est ce que permet la chemise. Portée de façon sexy, elle est ultra féminine.

Comment présenteriez vous votre marque ?
Une marque qui part d’un chemisier d’homme revisité au fil des saisons. Une marque qui célèbre les belles matières (popeline, taffetas) et le tombé impeccable pour proposer un produit intemporel. Enfin, une marque qui célèbre l’esprit riviera vintage (Jacky Kennedy, les libanaises des années 70) en le détournant vers quelque chose de plus contemporain.

Il y a comme une contradiction assumée.
Disons que ce sont des pièces qui célèbrent une certaine idée de la femme et avec lesquelles on peut jouer, selon qu’on les porte de jour ou en soirée en les accessoirisant, en les nouant ou en les laissant ouvertes.

Concrètement, quelles sont les références orientales qu’on retrouve dans votre marque ?
Les boutons bijoux, en référence aux lourdes boucles d’oreilles dont s’apprêtent les libanaises, mais aussi les couleurs vives de ce pays. Les matières, car je vois rarement une parisienne porter une chemise en taffetas, les broderies.

Parlez nous en détail de la prochaine collection PE 2018
Chaque collection est inspirée d’un lieu. Cette fois c’est Capri. Les rayures bleu blanc, le chapeau, le sac en rotin et les chaussures compensées ont conduit mon inspiration.

C’est la première collection qui n’est pas construite autour du seul chemisier ?
Oui, pour la première fois depuis la création de la marque, j’ai décliné d’autres modèles , comme des jupes et des tops. Elle en comporte 25, soit une cinquantaine de pièces.

Quelles matières ?
On retrouve la popeline de coton, le taffetas, la crêpe de soie pour laquelle on a créé notre propre imprimé cannage qui rappelle les chaises des grandes brasseries parisiennes.

Détaillez nous votre look idéal en été et hiver ?
Pour l’hiver, la chemise Mia en popeline ou en flanelle associée à un pull en maille et un jean rock, un peu déchiré, assorti d’une paire de talons ou de baskets. Par dessus, une veste bombers.
Pour l’été, ce serait le chemisier Lisa, en popeline blanche, porté sur un jean. Seuls les premiers boutons seraient fermés, afin de laisser apparaitre le jean. J’ajouterai des mocassins ou des sandales compensées.

Portez vous votre marque ?
Oui ! Souvent d’ailleurs on m’arrête pour me demander d’ou vient ce que je porte.

Quels sont vos points de vente ?
Mes premières collections ont été distribuées chez MC Market à Monaco et Biarritz, en Chine chez Sanlipop puis en Russie chez Magnifique (qui me suit avec grande fidélité), Dubai chez Gallleria concept store Bulgari Resort ainsi qu’au Kazakhstan et au Koweit à la Boutique 66. La collection PE 2018 sera également disponible à Unica Punta en Corse et au Koweit à la boutique 66. Nous recevons aussi sur rendez-vous à Paris et à partir de mi-janvier, notre site permettra de commander en ligne.

En l’espace d’un an, qu’est ce qui a changé ?
La 1ère collection c’est la réalisation d’un rêve d’enfant. La 3ème  ressemblerait plutôt à un enfant très désiré. On reconnaît son style, on sait ce vers quoi on veut tendre. Pour moi, il s’agit donc de décliner mon vestiaire, d’asseoir l’identité de la marque et en parallèle, de développer mon site internet et ma communication.

Vous semblez attachée au made in France, même au made in Paris, pourquoi ?
Par souci de qualité. Il n’est pas envisageable de ne pas offrir des finitions et un tombé impeccables à mes clientes.

Quels sont vos fournisseurs?
Je travaille avec Sfate & Combier, des spécialistes des tissus légers et de la mousseline de soie en particulier, et Taroni (Italie), une maison réputée pour ses étoffes d’excellence.

 Quels sont vos projets de développement et éventuelles collaborations?
La création de pop up stores courant 2018, à Genève, Dubaï et Londres. Et une collaboration avec Sarah’s bags (interview 2 LADIES BAG 1nstant.fr le 17 NOV 2015), une marque de sacs basée à Beyrouth.

Qui serait votre ambassadrice idéale ?
Toutes les femmes sensuelles, entre la femme enfant et la femme fatale !

Votre marque en un mot ?
Riviera !

  • Interview / Judith Spinoza
  • Ad / Vinz
  • Produced / 1nstant.fr

 

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