Et pourquoi pas enchaîner ?

Tandis que 2019 vit ses dernières heures, l'1nstant est à la réflexion sur ce que l'avenir nous réserve.

2019 aura été celle des réactions en chaîne, à tous les niveaux, à commencer par celui de la rue. Sur les podiums, la chaîne signe son grand retour, après avoir passé presque 20 ans au purgatoire des tendances.

A ceci près que celle d’aujourd’hui peut se lire comme le signe d’un lien fort qui unit le sens d’un objet à celle qui l’a choisi. Le métal dont elle est faite à beau être inflexible, la chaîne est inexorablement un objet flexible.

Contrairement à la ceinture-cercle, les ceintures de Kwaidan Editions et Mulberry sont faussement contraignantes, comme une manière de dire que oui, les choses sont fixes mais qu’il suffit de peu pour que ça (se) passe. Il suffit de glisser l’attache ou tourner un maillon oval pour obtenir le jeu qui lâche du lest.

En plastron aussi tintinnabulant que mobile, Vivienne Westwood la transforme en sorte d’armure à amulettes, qui donne à celle qui s’y enroule en amazone fluide, tandis que Marine Serre en frange ses tenues d’apocalypse. Pour Koché, c’est une vision pointilliste d’un corset, objet de contrainte par excellence, qui vient se lover à même le corps et tout de métal soit-il, s’y conformer jusqu’à en prendre même la température. 

Attachant à nos personnes les essentiels d’un moment, la chaîne transforme nos accessoires en satellites de nos personnes, irrésistiblement dans notre orbite. Lunettes (Gucci), pochettes (en pagaille), casquette (Maison Michel), hors de question d’en semer une miette alors qu’on traverse nos vies à 200 à l’heure. 

Pour les pessimistes, l’effet de ces maillons coulant de la ceinture est un peu Avril Lavigne période Sk8er Boi, et tendrait au constat que nous n’avons guère avancé en presque deux décennies. Le monde est toujours au bord du gouffre, nous cherchons toujours les réponses au grand Pourquoi et plus que jamais, notre monde (la mode, quoi) cherche à redonner du sens à ces objets qui peuplent notre dressing (au point de recycler une tendance?). 

Au moment où le tout-virtuel commence à montrer ses failles, symboliser de la manière la plus tangible qui soit son lien à quelque chose relève de l’acte de foi. À ceci près que ce lien n’est pas tant à l’objet qu’au symbole qu’on peut vouloir lui assigner. Après tout, l’humanité elle-même n’est elle pas une chaîne ininterrompue de transmission. Histoires, savoirs et jusqu’à notre identité ne sont que les maillons d’un assemblage qui devient précieux quand on lui redonne du sens.

Allez, merci 2019. On enchaine sur 2020. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

NULL