C’est parce qu’il est un « ado des années quatre-vingt-dix » comme il dit, parce qu’il a grandi à Biarritz, parce qu’il se destinait d’abord à une carrière d’ingénieur mais qu’il bifurque vers le graphisme puis le théâtre, qu’il y rencontre des photographes, des sets designers et des stylistes, c’est surtout parce qu’il garde une tête bien faite ayant su mélanger tout ces ingrédients que Florent a su créer les habits justes : ceux de son désir -fabriqués en France, utiles, intemporels- qui combleront le trop plein de vêtements que la mode déverse sur les cintres des boutiques et les silhouettes.
Lecteur avisé de Koltès, d’où la marque tire son nom, on pourrait presque croire que Florent a voulu, par l’entremise de cette quête, répondre à l’une des phrases de son dramaturge préféré. En offrant du désir là où il y a un sentiment blasé et mélancolique : « Car le désir d’un acheteur est la plus mélancolique chose qui soit..» (Dans la solitude des champs de coton)« Le triptyque de Coltesse, reprend Florent, c’est créer, respecter, habiller. Une histoire d’équilibre », ajoute-t-il, que l’on retrouve dans tous les plis de la marque et de son vestiaire: équilibre des proportions, équilibre entre un style classique et un certain second degré, équilibre entre la matière et le détail, la coupe et la liberté de mouvement, équilibre enfin, entre le style et la production raisonnée.« Nous avons une identité clean et très humaine au sens où elle prend en considération l’environnement au sens large. L’écosystème de la mode et le système de production tout court », déroule t-il. On veut être une marque indépendante française qui fabrique en France. Au lieu de rattraper la baisse des marges par le volume, on préfère mieux vendre. Du coup, de puis 2 ans, nous fabriquons tout en France, dans des ateliers parisiens et fonctionnons sous le principe de pré-commande. »
Les pièces phares de Coltesse se sont d’abord le pantalon, comme le Sudden, bientôt un nouveau baggy ou le manteau « fenté », dont les proportions les plus exactes et les épaules basses séduisent aussi filles qui pointent le nez dans le studio du label, installé à la Bastille.
C’est ce manteau fenté 100 % laine vierge fabriqué en France d’ailleurs, qui reflète le mieux la ligne Coltesse. Le sens du détail, la belle matière certes, mais aussi ce qu’oublie trop souvent de nous offrir la mode : envelopper notre mouvement, mieux l’accompagner, le prévoir. « Il répond à la question comment avoir plus facilement accès à ses poches. C’est la même chose pour le Sudden, à ceinture demi-élastique, coupe carotte. Comment être à l’aise avec de la tenue ? Un élastique à l’arrière, un cordon à l’avant que l’on peut cacher avec une boutonnière et le tour est joué. »
Le client Coltesse, c’est donc l’initié, fan de Christophe Lemaire, ou celui qui a envie d’autre chose. C’est l’homme en mouvement dans sa tête et ses fringues.
www.coltesse.com