Les influenceurs « de haut niveau » me fascinent. Les assoiffés du like, ceux qui cherchent à se montrer sous leur meilleur jour, quitte à sacrifier la moindre étincelle de spontanéité.
En m’inspirant de Kylie Jenner (200M d’abonnés) à Léa Elui (11M d’abonnés), j’avais envie de parler de ce nouvel idéal : Un narcissisme devenu une fin en soi; un métier rentable qui s’évalue au nombre de followers. L’humain lui-même est devenu une plateforme pour les annonceurs.
À l’ère Tinder où chacun se sent remplaçable, où les it-girls apparaissent et disparaissent aussi vite que des étoiles filantes, il faut montrer que l’on sort du lot, avant que l’autre ne swipe. Mais à vouloir sublimer la réalité pour séduire, on devient une parodie de soi-même.
Je me suis inspirée de fashion films et interviews, dans lesquels on suit le quotidien d’influenceuses. Bien entendu, elles se réveillent maquillées et coiffées. Elles déjeunent dans des resto fancy, et s’habillent chez des créateurs ultra chics, le tout en déclamant des réflexions profondes sur la vie. Ces « moments de poésie » creux, fabriqués pour vendre un produit, sont drôles lorsqu’on les regarde avec du recul, car ils sonnent faux.
C’est ce que j’ai voulu dépeindre dans mon film, à travers un personnage anachronique. Le fait qu’une vampire âgée de 300 ans (supposée être spirituelle et supérieure aux humains), ait succombé aux sirènes de l’ego trip, crée un décalage et met en exergue le ridicule de nos manières : cette fausse authenticité, cette soi-disant « nonchalance » mise en scène au millimètre. Notre avatar (version digitale de nous-même, déformée par les filtres insta) devient un monstre de vacuité.
J’avais envie de secouer et décoiffer cette it-girl, d’en faire une vampire sanguinaire, qui suce le sang de ses followers, tout en donnant des tips beauté. En tant que femme, je suis la cible parfaite de ces contenus internet. Ils m’influencent, m’agacent et me font fantasmer en même temps.
Ce fût donc un exercice jouissif de m’approprier ces codes et les détourner !