Dans l’esprit populaire et médiatique, il ne suffirait que d’une équation mathématique ou d’un simple algorithme d’intelligence artificielle pour reproduire avec précision et efficacité bon nombre de tâches et d’exercices intellectuels. L’écriture en ferait partie. Heureusement pour nous (et pour Sophie), la réalité est bien plus subtile et à la fois plus belle… Aucun algorithme ne remplacera Sophie Fontanel!
Depuis longtemps, il existe des algorithmes qui génèrent des notifications, des e-mails voire des articles de presse. La plupart de ces modèles s’appuient sur un remplissage de textes à trous, par des informations pour certaines détectées ou analysées par d’autres algorithmes. C’est le cas d’algorithmes développés par la société Bloomberg pour détecter des signaux faibles sur des flux de données officielles pour ensuite générer une news factuelle automatique d’un titre et d’une ligne, tout en alertant le journaliste dans l’objectif d’un article plus étayé et plus analysé.
À l’heure des techniques d’apprentissage sur réseaux profonds on assiste à une sorte de révolution textuelle avec l’arrivée de discours, de romans voire de scénarios de films construits automatiquement. C’est le cas du film Sunspring de 2016 de 9 minutes dont le scénario, les décors et les costumes ont été entièrement calculés par une intelligence artificielle entraînée sur des dizaines de scénarios de films des années 80 et 90. Avec une pertinence de ces textes somme toute relative on admettra que l’idée excite, intrigue ou fait peur selon notre position sur l’échiquier des Arts et des Lettres. Et pourtant en connaissant un minimum le fonctionnement de ces entités mathématiques et numériques on s’accordera sur leur vraie valeur. Nous faire gagner du temps mais aucunement nous permettre de gagner en émotions, en instants privilégiés ou en impressions incarnées.
Dans tout processus créatif il y a une partie répétitive, qui peut même atteindre jusqu’à 60% des tâches constitutives. Imaginez un instant la capacité créative qu’on aurait en s’extrayant de ces tâches asservissantes. On serait alors capable d’atteindre cette évolution théorique exponentielle de notre créativité qui deviendrait alors son propre catalyseur. Cela ne marcherait bien évidemment que dans les cas où cette répétition n’est pas un passage obligé à la création. C’est peut-être le cas d’un discours politique qui pourrait tout à fait être pré-généré par un algorithme avant d’être peaufiné, revu et étayé par un maître du mot. Un roman, quant à lui, par exemple sera surement écrit entièrement par le propriétaire du récit qui par chaque paragraphe, mot, et lettre pourra s’imprégner de son texte et l’incarner encore davantage.
Bien loin des arguments techniques, il y a les arguments émotionnels. Revenons donc à Sophie Fontanel. Sophie est le symbole, la preuve et le défi insurmontable que les algorithmes ne pourront jamais modéliser et simuler. Son ingéniosité existe bien mais le raisonnement analytique de Sophie ne la décrit pas uniquement. Il vient asseoir et soutenir tout le reste; son humour, son style, sa sensibilité ou encore son extravagance qui s’échappent très vite de toute logique organisée tant ils sont imprévisibles et instantanés.
Sophie Fontanel a assurément encore un nombre infini de livres et d’articles à écrire, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs qui recherchent aussi la sensibilité de l’Auteure et l’incarnation de son œuvre. À l’instar de cet article écrit avec 10 doigts, un cerveau et un cœur…
https://www.aureliegalois.com / Illustration
Emmanuelle
26 novembre 2020 at 19:39
Génial cet article !! Bravo Aurélie et Christine
Christine Lerche
26 novembre 2020 at 20:00
Merci Emmanuelle