10 ans d’amitié, une marque née en 2019, quels sont vos parcours respectifs ?
Mansour a un parcours mode classique : La Cambre à Bruxelles et IFM à Paris. Moi, c’est différent. J’ai fait une école de commerce de communication et de marketing puis débuté chez L’Oréal. De fil en aiguille, j’ai pu travailler auprès de créateurs comme Louboutin ou Ami en coordonnant de projets artistiques. Cela a développé mon appétence, déjà forte, pour la mode qu’avait initiée par ma grand-mère, professeur de couture.
Votre marque indique genderless menswear ? N’est ce pas un contresens ? En réalité, la construction des vêtements est partie de l’homme. Ce n’est que par la suite que c’est devenu une marque genderless. Notre idée de départ reposait sur « l’exploration de la masculinité ». Que notre vestiaire s’adapte à tous les styles et à toutes les identités : un jeune, un vieux, un habit cool ou à l’inverse, plutôt codifié codifié, à quelqu’un qui a envie de porter des robes… Rapidement, on s’est rendu compte que beaucoup de femmes achetaient nos vêtements.
Qui fait quoi ? Nous travaillons main dans la main et sommes très complémentaires. Je m’occupe plus du développement et de la création conceptuelle, Mansour du style.
Vous avez fondé Mansour Martin en 2019. Quelle était la première capsule de lancement? Un short tailoring en laine italienne qui s’inspirait du basket ball, fendu sur les côtés, accompagné d’une chemise longue avec capuche. Sa construction était très travaillée et s’inspirait du mouvement architectural brutaliste. C’est, encore aujourd’hui, un best seller.
Votre inspiration première, c’est l’architecture ? Absolument. Nous l’implémentons à d’autres sources d’inspirations plus pop.
C’est donc le cas pour la collection PE 2020/21 intitulée Building ? Toutes ses pièces ont été imaginées autour d’un plan architectural fantaisiste. La chemise oversize est imprimée de bouts de plan alors qu’ils sont brodés sur le pantalon. Le coupe vent en nylon recyclé est parcouru de motifs terrazzo et de béton armé.
Le mot clef de Mansour Martin est le respect. Comment déclinez-vous cet engagement ? D’abord parce que nous avons choisi de nous adresser à tous les garçons et au-delà. Nous parrainons aussi When love is illegal, une association qui défend à la cause LGBTQ+. Le respect, c’est aussi l’écologie. Une marque en 2019 se doit d’être écoresponsable ! Nous produisons localement, à Paris ou Bruxelles, avec des ateliers de réinsertion ou des confectionneurs indépendants.
La pandémie a t-elle accéléré ce principe ? En effet. Sur notre eshop, nous produisons à la demande, sans stock. Le délai est de 2 à 3 semaines. Voir l’article https://1nstant.fr/2020/10/27/coltesse-les-fringues-de-lhomme-en-mouvement-fabrique-en-france-ecosysteme/
À chaque collection vous invitez un artiste pour une capsule, la dernière en date avec Aurélien Delahaies.. Danseurs, architectes, designer, peintres, ce sont des artistes qui ne sont pas issus du milieu de la mode, que nous sortons de leur zone de confort. Pour la collection PE 2021, Aurélien Delahaies, un designer textile, a réinterprété notre plan architectural sur trois pièces uniques (poncho, short et chemise oversize). Il travaille au pinceau, à la main, directement sur le textile.
Pensez-vous que le genderless soit l’avenir de la mode ? Pour moi, la mode doit rester une discipline artistique propre à l’identité de chaque créateur. En revanche, c’est l’accès à la mode qui change : il faut offrir le choix de la liberté. Ce n’est plus à la mode de dicter le genre, elle doit proposer des pièces qui répondent à la sensibilité de chaque individu.
www.mansourmartin.com
Trois boutiques : BDC à Paris et printemps.com, https://thewastedhour.com/