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Qu’est ce que la Gender Théory?
Le mot et l’idée de genre sont dans l’air du temps depuis une vingtaine d’années en France et même plus. Mais savons-nous de quoi il est question quand nous utilisons ce terme ? Pour cela il est nécessaire de revenir à l’origine de cette notion qui exprime l’idée d’une discordance possible entre notre sexe biologique et les rôles sociaux qui lui sont traditionnellement attribués. Longtemps nous avons cru qu’il allait de soi qu’une personne de sexe masculin devienne ce que nous appelons un homme et une personne de sexe féminin une femme avec tout ce que cela suppose de distinctions innées. Puisque les femmes faisaient les enfants il allait de soi, et ce dans toutes les sociétés humaines, que leur soient attribués certains rôles liés à la fécondité et à la maternité tandis qu’il allait de soi que l’homme soit voué à la chasse, à la guerre ou à la politique. Pourtant le doute s’était immiscé plus tôt qu’on ne croit quand au caractère évident de cette disparité et Platon, lui-même au Veme siècle avant JC suggéra que les femmes pouvaient elles aussi, comme les hommes, être philosophes. En outre il a toujours existé dans des sociétés dites primitives, par exemple chez les Amérindiens, des hommes qui s’exemptaient des rôles auxquels ils étaient assignés. On appelait ces Indiens qui refusaient de partir à la guerre ou à qui répugnaient la chasse les Berdaches et leur rôle était de vivre auprès des femmes et de s’occuper aux tâches ménagères. Le film culte Little Big Man avec Dustin Hoffman (1970) où celui-ci joue le rôle d’un blanc adopté dans une tribu sioux met en scène l’un d’entre eux. Ainsi, bien avant que les théories du genre n’apparaissent dans les années 50 aux Etats unis, un certain « trouble » dans le genre a toujours existé que la littérature a exploré avant la science et la psychanalyse. Par exemple Balzac dans les Illusions perdues décrit son héros Lucien de Rubembré comme un homme féminin. Les écrivains et les poètes savent depuis longtemps que les femmes n’ont pas le monopole de la féminité ni les hommes celui de la masculinité. Dans ses célèbres amours avec le poète Alfred Musset, George Sand n’était-elle pas plus « virile » que lui? Plus tard Freud et Carl Jung mirent en évidence certains aspects de la bi sexualité humaine. Selon eux notre identité sexuelle est marquée par la dualité, notamment du fait que nous avons eu des parents de sexe différents auxquels nous avons pu nous identifier durant notre développement. Un homme était dit viril s’il s’identifiait complètement à un rôle actif dans la relation amoureuse tandis que la femme, pour être féminine, se devait d’être passive. Ces deux psychologues ont compris très tôt que ces identifications relevaient autant de la culture que d’un mécanisme naturel spontané. Cependant ils n’ont pas ébauché une véritable théorie du genre comme dissociable du sexe. Le premier psychologue qui le fera est le néozélandais John Money à qui l’on doit en 1955 la première ébauche de la théorie du Genre. « Tout ce qu’une personne dit ou fait pour rendre public qu’elle a soit le statut de garçon ou soit celui de fille » définit le genre selon lui. D’une certaine manière nous construisons notre propre genre, masculin ou féminin, à partir de nos comportements quotidiens. Cette théorie trouvera un prolongement dans le travail du psychiatre Robert Stoller qui, en 1968, publie un livre intitulé: « Recherches sur l’Identité sexuelle à partir du transsexualisme« . En étudiant le cas d’individus sexuellement perturbés Stoller tendait à démontrer que les « perversions sexuelles » peuvent être liées à l’échec d’une identification normative. Ainsi de ces hommes transgenre qui se sentent femmes alors qu’ils ont un sexe d’homme. Le célèbre psychanalyste Jacques Lacan a lui aussi apporté sa pièce de touche à l’édifice en prétendant démontrer que les rôle du Père relevait plus d’une fonction symbolique que d’une vocation naturelle. Enfin dans les années 90 c’est la théoricienne Judith Butler qui avec son livre Trouble dans le genre, le féminisme et la subversion de l’identité allait tenter de faire la synthèse de toutes ces réflexions en affirmant que la société était normée sur les catégories de l’hétérosexualité. Devenue une des références du mouvement LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres) elle va jusqu’à affirmer que l’on pouvait changer de genre dans une relation sexuelle, ce qui est à la base de la mode « fluently » d’aujourd’hui ou de jeunes hommes veulent ressembler à des femmes en s’habillant ou en se coiffant comme elles. Plus personne ne conteste aujourd’hui ces réalités transgenres qui font qu’un homme ou une femme ne s’identifient pas forcément aux symboles traditionnels de leur sexe. Mais le débat subsiste sur l’influence de la Nature et du biologique dans la construction de notre identité.