Sneakers, écoresponsabilité et Portugal : une pointure d’avance
Quel est le rapport entre la génération basket, les préoccupations environnementales et la péninsule ibérique ? Réponse à Porto où la rédaction s’est, un 1nstant, posée. Par Florence Julienne
D’un côté il y a une chaussure devenue une figure de style. No genrée, créative, confortable… La sneaker n’en finit plus de créer la surprise avec des boutiques spécialisées, des marques de luxe qui en font un tremplin pour cibler les Millenials et des partenariats artistes/marques ou créateurs/marques qui s’enchaînent.
D’un autre, il y a la remise en question d’un système de production. Le Made in Asia a du plomb dans l’aile pour des raisons écologiques, éthiques ou politiques. La crise du Covid a amplifié ce phénomène au point que les mots « écoresponsabilité » et « relocalisation » sont de toutes les stratégies, y compris celles des fonds d’investissement.
Or, les sneakers sont, pour la plupart, fabriquées en Asie. C’est là que le bât blesse. C’est ici que le Portugal, et précisément la région de Porto, joue un rôle capital.
Certains parlent de « miracle portugais », mais il n’y a de miracle que la volonté du Portugal de devenir un partenaire mode, durable, équitable.
Un partenaire mode car, désormais de nombreuses marques de sneakers avant-gardes, font fabriquer au Portugal. Les éloges sont divers : savoir-faire, circuit court, prix concurrentiels, réactivité aux commandes, petites séries… Certains fabricants ont su tirer avantage de leurs collaborations pour développer des marques en propre. C’est le cas d’Ambitious, une entreprise qui développe 2 lignes de sneakers green : Haven, en cuir suede, tannage végétal, semelle intérieure en polyester recyclé et extérieure en mix de mousse et caoutchouc naturel ; et Cap, des sneakers en toile Seaqual (polyester élaboré à partir de bouteilles en plastique trouvées en mer), teinte avec une encre à base d’eau et semelle mélange de caoutchouc et céréales recyclés.
Un partenaire durable grâce à une politique d’investissement orienté vers la recherche et la création de chaussures qui respectent l’environnement. Matières alternatives au cuir, comme le liège une fierté nationale, biodégradabilité, tannage du cuir sans utilisation de chrome… Cette approche d’une mode plus verte est rendue possible grâce au Fonds Monétaire Européen qui finance le Centre Technologique de la Chaussure du Portugal (CTCP), une organisation à but non lucratif, fondée par APICCAPS* et le Ministère de l’économie. Au CTCP, on y croise des étudiants venus des 4 coins d’Europe mettre au point la relève d’une basket fashion et eco-friendly.
Un partenaire équitable car soucieux de valoriser son Made In, basé sur une solidarité familiale et intergénérationnelle. Ainsi, depuis 27 ans, Atlanta est spécialisé dans la fabrication de semelles en EVA, thermoplastique, polyuréthane, caoutchouc synthétique, latex ou chutes de liège recyclées. Si, selon ce fournisseur, l’écoresponsabilité est LA grande tendance de l’hiver 2022/2023, il va falloir compter sur le recrutement d’un personnel qu’il faut absolument privilégier pour assurer la pérennité de l’entreprise, mais également son âme. C’est ce que les Portugais nomment le « Portugal Soul » et traduisent via des éditos mode dans le magazine « Soul », dédié à cette industrie. Portugal… shoe must go on !
Par Florence Julienne
APICCAPS* : Portuguese Footwear, Components, Leather Goods Manufacturers’Association