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Rencontre.

Fondée il y a deux ans par Marielou Phillips et Matthieu Foss, Deeya célèbre la mode et le
design indien d’avant-garde. S’éloignant des clichés, la boutique installée rue du Bourg Tibourg dans le Marais, invite les visiteurs à embrasser la nouvelle, ou plutôt, la réelle identité de la mode made in India.By Judith Spinoza.

Quels sont vos coups de cœur de la mi-saison ? 
-La Veste Stree par Ka-Sha. Cette créatrice ne cesse de nous émerveiller avec sa manière de travailler la technique de l’appliqué qui consiste à coudre des pièces de tissus, l’une après l’autre sur une base pour former des motifs géométriques. Après les longues jupes colorées qui font le bonheur de nos clientes, notre nouveau coup de cœur est la veste Stree ; une prouesse au niveau de l’assemblage symétrique, avec une coupe parfaitement urbaine et élégante.

-Le Co-ord set en velours côtelé par Naushad Ali, un ensemble en velours côtelé caramel. La chemise est ornée d’un magnifique plastron en crochet délicat qui incarne à la fois la douceur et l’élégance. Idéale pour la mi-saison, ses manches bouffantes et son col classique apportent une touche rétro-chic, tandis que les motifs floraux du crochet ajoutent une note artisanale sophistiquée. 

-La Chemise Mona par Jane Gustavsson. Son col Mao offre un style à la fois moderne et minimaliste. Son plastron brodé apporte une touche discrète de texture, tandis que les manches longues sont accentuées par des manchettes triple plissées, coupées bord francs et ingénieusement détachables.

Que signifie Deeya ?
Une Diya est une petite lampe à huile habituellement faite en terre cuite. Pendant le festival de
Diwali, la fête des lumières, les hindous entourent leurs maisons de Diyas. Elles symbolisent la chaleur, l’hospitalité, la sagesse et la clarté. Nous l’avons écrit différemment mais la signification reste la même. 

Consacrer un concept store au savoir-faire et créateurs contemporains de l’Inde n’est pas un hasard car chacun de vous a une connexion spéciale avec ce pays. Vous Marielou parce que vous êtes originaire de Bombay et que Chanel vous y a envoyé pour lancer la marque en 2005. Vous Matthieu, en tant que cofondateur de Paris Photo et fondateur de la première galerie de photographies privée à Mumbai en 2005. Contre quels stéréotypes vous battez-vous ? 
La mode indienne est souvent perçue comme étant cantonnée aux tenues traditionnelles ou aux vêtements toujours colorés et ornés. Aujourd’hui, ce pays possède aussi une scène de mode contemporaine et diversifiée, avec des créateurs inventifs qui savent mélanger merveilleusement tradition et modernité. Ainsi, la mode urbaine indienne intègre notamment des influences occidentales ou du streetwear.

D’ailleurs, du 12 Septembre 2024 au 19 Janvier 2025, vous présentez SADAK, un livre
compilant 30 ans de photographies d’Aradhana Seth consacrées aux enseignes peintes à
la main en Inde et ainsi, l’histoire du pays. Les photos d’Aradhana Seth proviennent d’une archive qu’elle a commencé il y a 30 ans par volonté de créer des décors de cinéma fidèles aux rues de l’Inde.  C’est vite devenu une passion et l’archive est riche de plus de 10.000 images. Elle est d’autant plus importante que la tradition de peindre des enseignes à la main est en train de disparaître au profit des
impression numériques. Ainsi, Sadak en est une trace pérenne. Nous les avons présentées par ensembles thématiques ou alors en jouant avec les mots en composant de petits haïkus. Elles se prêtent magnifiquement à l’espace galerie de Deeya qui est atypique car n’étant pas un “white cube” mais un lieu doté une identité forte avec notamment un mur orné d’un soubassement vert et jaune qui rappelle certains palais indiens, des détails floraux au sol – ainsi que des éléments de mobilier en zellige. 
Vous dites vouloir créer une nouvelle identité « cutting edge » pour la mode indienne. C’est-à-dire ?
Les créateurs avec lesquels nous travaillons sont en perpétuelle expérimentation avec les techniques traditionnelles de leur patrimoine. Ils produisent des collections qui mettent en avant le travail des artisans, le tout avec des coupes et silhouettes bien contemporaines.

Quels « basiques » trouve-t-on chez Deeya ?
Hormis des denims en coton Khadi et des chemises d’été hommes à coupe classique, plusieurs des styles proposés chez Deeya sont récurrent, comme les jupes judicieusement réversibles en coton tissé main, les blouses vaporeuses en voile de coton ou les robes d’été aux motifs de block-print. Les jupes en appliqué, les sweat shirts LOVE ALL, les plastrons brodés à la main en perles de verre….

 Renouvelez-vous régulièrement l’offre ? 
Nos collections sont intemporelles donc certains best sellers peuvent être prolongés d’une saison à l’autre. Cependant nous recevons régulièrement des nouveautés car tous les créateurs suivent un agenda avec de nouvelles collections. L’avantage de travailler en slow fashion et d’être en contact privilégié avec les créateurs nous permet de personnaliser nos pièces au niveau des longueurs, des couleurs, ou des coupes, pour être en accord avec notre clientèle.
 
Selon quels critères les sélectionnez-vous ?
L’aspect éthique et éco-responsable est aussi important que la dimension stylistique. Avant de passer commande, nous envoyons un questionnaire à tous les créateurs pressentis, demandant d’expliquer leur mode de production. Même si nous sommes très sollicités par les marques indiennes qui cherchent à être représentées en France, les créateurs avec lesquels nous concrétisons une collaboration sont presque toujours repérés et contactés par notre propre initiative.

 DEEYA / 21 Rue du Bourg Tibourg, 75004 Paris