Ça devait être « la fashion week du siècle. » D’après vous, est-ce que ça l’a été ? En tous cas, après avoir regardé plus d’une centaine de défilés et présentations – comptant à la louche quelque 50 looks chacun – soit après avoir scruté plus de 5000 silhouettes en 9 jours : nous tenons les 10 TOC fashion parisiens du printemps-été 2026. By CATHERINE MALISZEWSKI –

COULEUR
Rouge, turquoise, rose, menthe… Avec le bleu du ciel de Coperni, le jaune fluo choisi par Dries Van Noten, le rose fraise de Giambattista Valli, les créateurs de mode ayant choisi de défiler à Paris, ont célébré la couleur dans toutes ses gammes. Leurs défilés se distinguent par là-même des shows de New York qui assument un minimalisme charbonneux, gris, anthracite, sombre.

FLEUR
La saison estivale n’échappe pas aux fleurs. Des fleurs qui ne sont pas forcément sages ni optimistes. Ainsi l’une des longues robes blanches d’Alainpaul est éclaboussée d’amas de fleurs rouges qui ressemblent à des taches de sang. Cependant beaucoup de modèles issus des collections 2026, des robes surtout, choisissent la voie classique des imprimés aux grands ou petits motifs gentiment fleuris comme chez Coperni et Celine.

POIS
Les années 80 continuent de souffler sur notre propre style avec le retour du motif phare des eighties : le pois. Connu aussi sous son nom anglais « polka dot », il envahit les collections en long et en large, du maxi au minuscule, du gigantesque chez Dries Van Noten au tout petit chez Undercover. Graphique, il sert de nombreux design et se prête aux effets d’optique.

VOLUME
La générosité fait loi pour le printemps-été 2026. La mode s’épanouit au gré de volumes très engageants. Certaines marques en profitent pour exagérer leur vocabulaire. Ainsi Jonathan Anderson, nouveau directeur artistique de Dior, challenge l’institutionnelle robe New Look née en 1947 avec la robe à la française du XVIIIe siècle. Étonnamment, le mariage de ces deux pièces historiques devient, entre les mains de Jonathan Anderson, une robe ultra moderne de fraîcheur, drapée et fluide, à basques blanches, tout en volume. Chez McQueen, le directeur artistique Sean McGir s’inspire de la robe jet d’encre créée par le fondateur de la maison Alexander McQueen en 1999. La robe de McGirr, enflée comme une montgolfière, affiche de multiples couleurs chamarrées.

DRAPÉ
Plis serrés d’une robe signée Stella McCartney. Mouvement lâche appliqué par Rick Owens. Le drapé exprime de multiples formes et maintes humeurs, de la plus stricte à la plus nonchalante. Le pli, et son corollaire le drapé, est sans doute le premier signe de transformation d’un « vêtement » que nos ancêtres portèrent sur le dos. En formant des plis, quelque chose apparut dans l’art de porter une pelure ou un textile : une beauté gratuite et inutile mais jolie, un pli ou des plis. Les drapés ont eu leur temps de gloire sous l’Antiquité grecque puis romaine. Ils reviennent de temps en temps dans nos vestiaires pour redonner du souffle à nos dressing aux lignes parfois trop sobres et trop nettes.

BASCULE
Quand le devant du vêtement est plus court que son dos, alors il y a un effet de bascule. Cette asymétrie donne du chic à l’allure. C’est un peu comme si la silhouette prenait une grande inspiration, baissait les épaules, se tenait bien droite et regardait bien haut. C’est l’effet de la bascule, de la veste à bascule, de la robe à bascule, du pull à bascule. À deux conditions : que le tissu soit plutôt raide et que le vêtement soit en forme de cône. C’est technique le vêtement à bascule, mais c’est tellement élégant.

CHEMISE
La chemise blanche fait un carton comme en 2025. Immaculée, impeccable, repassée. Et surtout : élégante. De manière générale, elle est taillée grand et se termine par des manchettes non boutonnées. Ce n’est donc pas la chemise d’antan, blanche et raide des dimanches d’avant. C’est une chemise blanche et raide portée à la cool. Un classique négligé très tendance l’été prochain.

CAPE
C’est Dior qui a commencé en proposant des capes dans sa collection homme. Dans la mesure où Jonathan Anderson, directeur artistique de la griffe, crée des liens entre ses collections, il n’est pas étonnant que l’on retrouve la cape dans son défilé féminin. Une belle et longue cape en laine qui donne un look branché à la silhouette. Dans un style plus luxueux, Nicolas Ghesquière crée une cape entièrement fermée travaillée dans des matières dorées. Chez Sacai, on est plus expérimental avec une cape inversée, en denim, susceptible de se transformer en jupe.

NOEUD
Le nœud fait partie des détails qui comptent cette saison. Que serait le défilé Saint Laurent sans ce nœud qui noue le col de ses chemises blanches ? Que deviendrait la collection de Jonathan Anderson, directeur artistique de Dior, sans ses nœuds papillon, signe de ralliement de sa collection. Chez les jeunes créateurs aussi, on s’est passé le mot. Ainsi les mannequins de Maitrepierre arborent un joli nœud en trompe-l’œil sur leur robe long. Joli clin d’œil.

TABLIER
Même diktat chez Miu Miu. La marque italienne compte bien mettre à la mode le tablier ! Le tablier de ménage, le tablier d’usine, le tablier du réparateur…Tous les tabliers. Miuccia Prada, la créatrice de Miu Miu, les intègre tels quels dans sa collection ou les transforme à l’aune de son imagination. Une idée saugrenue ? Non, un manifeste baptisé « At Work » mettant en lumière la réalité du travail des femmes. Miuccia Prada a utilisé le tablier comme un symbole de la valorisation du travail invisible des femmes. Le poids lourd que représentent Prada et Miu Miu dans le milieu de la mode ne devrait pas mettre longtemps à faire porter le tablier à toutes les passionnées de mode cet été.
