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Giovanna Della Bella, discrète aux boucles noires, est italienne de naissance et parisienne de cœur. La créatrice d’Atelier SOVEN, une marque de prêt-à-porter féminin en maille lancée en 2020, nous reçoit dans son nid douillet, non loin du Café de Flore, à Saint-Germain-des- Prés. Entre les tasses de thé et les peintures d’Ambera Wellmann et Celia Hempton, elle nous dévoile une garde-robe en maille de viscose certifiée, déclinée dans des teintes audacieuses : du bleu nuit au rose poudré, du gris souris au jaune vif. Une palette qu’elle adapte à chacune de ses pièces pour qui souhaite les collectionner ! Mais ses vêtements ne se résument pas qu’à des couleurs et des matières. Ils enveloppent les corps avec aisance et répondent facilement à la question « comment vais-je bien pouvoir m’habiller aujourd’hui ? » Si la marque reste intimiste, ses pièces fabriquées et tricotées en Italie se vendent sur demande, allant d’une brassière à 180 euros à un manteau en chenille — épaisse et veloutée — à 1800 euros.

Rencontre.

Vous avez réalisé vos études aux Beaux Art à Venise, avant d’intégrer l’école de mode parisienne l’Institut Marangoni en 2011. Comment le vêtement est-il venu à vous ? J’ai toujours aimé la matière ! Petite, j’étais fascinée par les vêtements, les couleurs et les travaux manuels. Aux Beaux Arts, j’ai d’ailleurs toujours travaillé avec les tissus sous forme de sculpture ou d’installation, mais c’est à Paris que j’ai poursuivi mon parcours dans la mode en étudiant dans cette école. J’ai ensuite intégré la maison Lanvin pendant plusieurs années, avant d’accompagner des jeunes designers en tant que développeuse de produit et de lancer ma marque. La mode a toujours été sous mes yeux, comme une évidence.

La maille est certes l’un des savoir-faire les plus prisés d’Italie. Pourquoi cette technique et pas une autre ? Tous les vêtements sont faits à partir de fils soit tissés ou tricotés ! La maille se construit à partir de nœuds, où les fils s’entrelacent pour former des boucles, rendant le vêtement plus souple. J’aime son confort, ainsi que sa tenue et ses formes rondes que je n’ai jamais trouvées ailleurs.

Si nous connaissons la maille sous forme de laine et de matières dites « nobles », que vous apporte le travail avec des tissus plus modernes comme la viscose ? J’utilise des fils de viscose uniquement certifiés FSC avec lesquels je mets au point des matières très techniques, me permettant de construire un vêtement à la fois souple et structuré. J’introduirai toutefois dès la saison prochaine des nouveaux fils comme de la soie et un mélange de laine et de cachemire !

Qu’entendez-vous par « maille sartoriale » ? C’est l’idée d’une maille qui se tient tout en épousant les mouvements du corps. La plupart des vestes sont conçues à partir de plastron, demi-plastron et d’entoilage, qui peuvent être plus contraignants dans la liberté des mouvements. J’ai donc privilégié des uniformes et des manteaux en maille pour proposer des modèles plus confortables, à la fois simples et sophistiqués.

Qui habillez-vous ? Tout type de femmes : des femmes actives, des mères, des écrivaines, des artistes ou actrices… En général, elles nourrissent toutes un style casual plutôt masculin et minimaliste. Elles recherchent le confort et la sensualité, avec cette notion de se couvrir ou de se découvrir. Récemment, j’ai habillé la réalisatrice Fabienne Berthaud pour la cérémonie des César, la compositrice Nora Baldenweg ou encore l’actrice Alexandra Lamy pour le dîner organisé par Madame Figaro. Dans le supplément du Financial Times, « How To Spend It », le chorégraphe et danseur Léo Walk a même fait une apparition avec un ensemble en chenille rouge. Si ma griffe est destinée aux femmes, les hommes apprécient eux aussi mes coupes droites et oversized. Peut-être y a-t-il un marché à prendre ?