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Interview / Judith Spinoza
Faite main, responsable, chic, ultra qualitative et pratique, la marque WEHVE, fondée en 2013 par Gesine Holschuh, tisse des liens étroits entre le savoir faire unique des femmes sud américaines et le marché européen. Capes, ponchos, écharpes à poche en mérinos, de quoi se lover dans l’hiver avec douceur.
Vous avez fondé votre marque, alors que vous avez une carrière solide de consultante et des implications auprès d’ONG. Est ce à l’origine de votre marque, de votre attachement profond à l’artisanat et à votre engagement déterminé pour l’entrepreneuriat social ?
En tant que consultante je travaillais déjà avec l’ONG Hand in Hand auprès de femmes en Afrique. Grâce à ces micro entreprises, nous avons créé deux millions des emplois. J’ai été impressionnée par ce que l’on arrive à obtenir en donnant des moyens, du travail plus que par la simple philanthropie. En allant par la suite en Uruguay, j’ai été séduite par des coopératives d’artisans et par la très belle qualité de leur tissage. J’ai eu l’idée de réanimer cette industrie lainière et de la partager avec le marché européen et américain. Peu à peu ce projet a pris le pas sur mon travail de consultante et WEHVE est né !
Que signifie WEHVE?
C’est un clin d’oeil au mot anglais qui signifie tisser.
Quel est son concept, son positionnement ?
Pour moi, il s’agit d’allier ce qui est stylé et très agréable à porter. En hiver comme en été. Sur une robe légère en terrasse avec des amies ou pour se blottir dans l’avion ! J’ai des clientes entre 15 et 80 ans !
Vous avez conçu votre première collection avec Marine Halna du Fretay (20 ans d’expérience chez Hermès) qui travaille toujours à vos côtés. Pourquoi ?
Elle disposait de l’expérience pointue que je cherchais. Marine s’occupait des accessoires et de la mode chez Hermès et détenait ce style très pur. Pour ne pas tomber dans le folklore, les choses faites main nécessitent une rigueur–elle l’a et comprend le produit !
Vous fabriquez en Uruguay et au Pérou. Quelles sont les différences ?
L’Uruguay, où j’ai commencé utilise des matières sont plus fines ; dans les ateliers de tissage du Pérou où je me suis rendue par la suite, c’est du gros fil.
La valeur ajouté WEHVE, ce sont des tissus assez incroyables et très légers. Combien de techniques de tissages utilisez vous et quelles nouvelles techniques y incorporez vous ?
Si vous maîtrisez les métiers à tisser, les techniques sont infinies. Le challenge réside dans le fait de se renouveler dans un style pur. Nous sommes plutôt à la recherche de nouvelles matières et de façon de les combiner. En utilisant par exemple du coton, de la soie, du lin ou différentes qualités de fil dans une même pièce.
Le poncho Ruanas est le symbole de cette touche contemporaine vous insufflez à un savoir faire ancestral.
Ce modèle est la pièce phare, le classique de WEHVE. Un grand châle traditionnel en mérinos et soie. Porté traditionnellement par les gauchos, on l’a rendu plus court – façon kimono- ou plus long, façon Ibiza ; on lui a taillé les épaules, on l’a fendu, on le réinvente en permanence. Il est très prisé par la clientèle argentine.
Préserver un artisanat et savoir faire local à l’esthétique contemporaine et le distribuer dans des boutiques ultra chics, est-ce la clef pour propager la « bonne parole » et éveiller les consciences ?
Clairement ! Je prône le contraire de la fast fashion et souhaite que les gens préservent leur savoir-faire et leur travail.
Quelles sont les thématiques fortes de la collection AH 2018/19 ?
Hommage subliminal aux tableaux du mouvement de Stijl de Piet Mondrian, mais aussi à Saint Laurent ou au Castelbajac des années 80, la collection associe les couleurs primaires au blanc de la laine Mérinos et au noir -un jeu de lignes graphique et tonique ! Autre point fort de la collection, le camel dont l’aspect voluptueux et naturel insuffle une note urbaine.
Le petit plus, ce sont les franges ?
En effet, placées et colorées sur les bases plus classiques de la collection, elles apaisent ou tonifient chaque look. Sur les poches d’une volumineuse écharpe longue, les franges bougent, dansent et donnent du mouvement aux vêtements.
Quel est votre modèle préféré de la collection ?
L’écharpe à poche, que je réédite chaque saison depuis 2013 !
Comment conseillerez-vous de porter vos pièces ?
Certaines enveloppent une silhouette, comme les cape oversize ; d’autres ponctuent avec douceur et style un outfit de voyage. C’est le high low dressing !
Pensez vous étendre la gamme des pièces proposées, faire des collaborations, ouvrir une boutique ?
Je souhaite développer une ligne de plaids et de coussins de maison et bien sûr, j’ai l’idée de collaborations. J’aimerai aussi trouver des ateliers en Europe et relooker leur savoir-faire à la WEHVE !
La collection WEHVE A/H 2018 se trouve au Bon Marché, chez Merci, chez Simone et dans les boutiques Victoire et en province.Liste des points de vente sur www.wehve.com
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Ad / Vinz
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Crédit photo / Karlijne Geudens
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Produced / 1nstant.fr