Carrure prononcée chez Saint Laurent, nouveaux classiques « habillé-négligé » chez Dior, profondeur des couleurs chez Louis Vuitton : la mode masculine pour le printemps-été 2026 ne manque pas de détails mode ni de repères stylés pour guider les hommes dans leurs futurs achats. La semaine des défilés masculins venant de s’achever à Paris, il est temps de lister les nouveaux TOC des cerveaux fashion. BY CATHERINE MALISZEWSKI – 1nstant

Le classique négligé
À la croisée du chic et du décontracté, le classique négligé est une élégance facile à vivre, un art de l’habit raffiné et cool. Un style borderline entre un laisser-aller à la lisière de la faute de goût, et la maîtrise parfaite des codes vestimentaires les plus snob connus de tous les dandys. Loin des tenues trop strictes ou trop travaillées, le classique négligé mise sur des pièces intemporelles, portées avec une aisance toute naturelle et même relâchée : ici le pan d’une chemise sort du pantalon, là une redingote va sans cravate ; ici un pantalon à pinces repassées est chaussé de baskets, là un blazer de grande marque est volontairement froissé. Chaque détail est choisi avec soin, mais sans excès, donnant l’impression d’un look spontané, presque improvisé. Cette apparente nonchalance est en réalité le fruit d’un savoir-faire subtil qui valorise la qualité des matières et la simplicité des coupes. Dior, Louis Vuitton et la marque Ami d’Alexandre Mattiussi ont choisi ce snobisme rafraîchissant pour
fêter l’arrivée des beaux jours 2026.

Les épaules bien carrées
Les plus fashion des dandys miseront sur une carrure bien carrossée, presque sculpturale, mise en exergue par Saint Laurent, Jacquemus ou Juun.J. Leurs vestes se distinguent par des épaules carrées, rigoureusement structurées, qui imposent leur présence avec une élégance assurée. Ce volume affirmé contraste avec une taille resserrée, dessinant une silhouette en triangle inversé, comme taillée pour incarner puissance et aplomb. Certes, ces costumes aux épaules exagérées demeurent une exception parmi les collections de la saison estivale qui présentent le plus souvent des tenues aux épaules plus raisonnables, mais ils sont suffisamment hype pour faire une tendance.

Total denim
Valeur sûre du vestiaire masculin, le look total denim – veste et pantalon compris –
se décline sur tous les tons, du plus clair au plus foncé, dans les collections de l’été 26. Le plus souvent portés en version dépareillée, la veste et le pantalon en jean s’expriment cette fois à l’unisson : chez Egonlab qui prône une toile en jean délavé ; chez Marine Serre qui imprime son emblématique croissant de lune sur son uniforme ; chez Undercover qui cisèle le textile au gré de coutures asymétriques pour imprimer sa marque de fabrique.

La cravate
La cravate « statement » est de retour. Ce bout de tissu avait disparu des rues et des
podiums. Il n’était plus réservé qu’à quelques métiers précis, qu’à quelques réceptions codifiées. Revoici la cravate et, cette fois, au cœur du propos mode. Chez Saint Laurent, elle est fine, bien serrée au col. Ton sur ton avec la chemise, elle se range sagement sous celle-ci, au niveau du troisième bouton. L’attitude est stylée, au détail près. Chez Dior, la cravate est voyante, le nœud est desserré, porté sur un col légèrement ouvert. Elle signe la cool attitude d’une silhouette preppy faussement négligée. Chez Louis Vuitton aussi, la cravate joue les m’as-tu-vu. Rayée de brun, bleu, gris, blanc, elle est correctement serrée sous un col américain. L’allure est propre, nette, sans défaut. Mi-mode, mi-pro.

Le bermuda
Cette saison, le bermuda s’impose partout. Conçu à l’origine par les colons anglais du XIXe siècle pour affronter le soleil brûlant des Indes, ce pantalon raccourci, qui descend plus ou moins jusqu’au genou, investit massivement les collections printemps-été 2026. Chez Dior, il se décline dans sa version la plus audacieuse, prenant des airs de cargo XXL, généreux en volume, comme un mille-feuille de toiles
bien solides. À l’inverse, Acne Studios le simplifie à l’extrême : la silhouette du bermuda est épurée, presque ascétique, taillée dans une soie lavée au tombé fluide. Undercover, quant à lui, propose une interprétation plus sage avec un bermuda en toile de coton tout ce qu’il y a de plus classique.

Le pantalon à pinces
Le pantalon à pinces a toujours la cote. Depuis plusieurs saisons, il apporte une aisance bien agréable que les hommes n’ont plus envie de quitter. Pour 2026, les créateurs proposent de multiples versions, du classique jusqu’à la démesure. Chez Juun. J, le pantalon à pinces se déploie dans une version XXL à rayures banquier. Auralee, à l’inverse, propose une élégance épurée : un seul pli et une coupe sobre.
Entre ces deux pôles, Hed Mayner s’amuse à brouiller les repères avec une silhouette ample et indisciplinée, aux plis relâchés, presque en désordre. Tour à tour structuré, relâché ou grandiloquent, le pantalon à pinces confirme qu’il n’est pas qu’un classique : c’est aussi un terrain de jeu pour les créateurs.

Les motifs graphiques
Pour insuffler du dynamisme au dressing masculin, l’homme de 2026 s’appuie sur les motifs graphiques créés par les grands noms de la mode. Leur récurrence et leur symétrie rythment avec force les silhouettes signées Dries Van Noten, Comme des Garçons Homme Plus et Junya Watanabe. Bien plus que de simples ornements, ces motifs s’imposent comme un langage visuel fort. Ce ne sont pas
seulement des détails décoratifs, mais aussi de véritables marqueurs d’identité stylistique. Chaque motif signe ainsi une saison, affirmant son caractère et sa singularité.

Le rose
Une couleur est revenue souvent au fil des défilés. Cette couleur, c’est le rose. Longtemps perçu comme un marqueur ambivalent de genre, soumis à une lecture binaire et souvent caricaturale, le rose a progressivement conquis sa légitimité dans le vestiaire masculin. Ce qui relevait autrefois de la transgression ou de la provocation est devenu une simple couleur de style. Le rose n’est plus un signe distinctif, mais un élément intégré, normalisé, esthétique, évident. À découvrir
notamment chez Feng Chen Wang, Taakk et Willy Chavarria.

La couleur sable
Deux univers chromatiques traversent l’été 2026. Il y a d’abord celui des grandes étendues minérales qui font penser aux vastes étendues de sable fin. La couleur sable s’impose dans le dressing masculin 2026. Il n’existe pas une seule et unique couleur sable : les teintes varient au gré des continents, des climats, des rivages. Le sable s’alanguit tantôt gris perle ou jaune pâle, tantôt ocre, orangé ou beige doré. Chez Hermès, un polo en maille coloré de bandeaux asymétriques aux tonalités sable suffit à convoquer l’image d’une plage à marée basse, striée de vaguelettes. Le créateur Emeric Tchatchoua, à travers sa marque 3.Paradis, imagine une veste dessinée de dunes beiges et terra cotta, peuplées de mouettes et de goélands. Chez Officine Générale, Pierre Mahéo, créateur de la maison, semble choisir l’austérité lumineuse du sable blanc, celui des plages nordiques, quasi minérales.

Les couleurs
Face à la tendance minérale du sable, une tout autre gamme chromatique rayonne de toutes ses couleurs. Ces aplats de couleurs imprègnent les textiles intensément, rarement dérangés par les motifs. Toutes les couleurs y passent : rouge, orange, vert, jaune, bleu, violine, turquoise… Parfois, elles sont vives, parfois elles sont pastel. Anthony Vaccarello, directeur artistique de Saint Laurent, fait une
démonstration magistrale dans son défilé puisque chaque silhouette incarne une couleur différente, comme si chaque ton exprimait une humeur, une personnalité, une vie à part entière. Autres chantres, autres couleurs : Dries Van Noten et Wooyoungmi laissent aussi libre cours à leur créativité en plongeant leurs esprits dans leurs encriers de couleur pour mieux dessiner.
