Kate Moss, Rhianna et récemment Baptiste Giabiconi ont succombé. Alchimist à Miami, Peri.A à Los Angeles, bientôt l’Eclaireur à Paris, devenues les rares et exclusives vitrines de ses créations. Fondée en 2015 par Claudia Ravnbo, Maison Ravn se décline en un seul mot. Unique. Pas seulement parce que chacun de ses précieux sacs est numéroté et impossible à reproduire à l’identique, mais parce que cette caractéristique préside à l’imagination d’un sac sur-mesure. Entre « portrait bag » et mini séries imaginées pour des concept stores, la créatrice norvégienne nous soulage des it bag vus et revus dont le luxe rime avec déjà vu. Place à l’ultra luxe made in Paris.
Vous êtes artiste peintre, mais également décoratrice. Quel est le fil rouge pour arriver à la mode ?
Comme vous le soulignez, des Beaux Arts de Londres et de Glasgow à la décoration, j’ai toujours évolué dans la création, avec mille idées qui me traversent l’esprit à la minute. Mais avant tout, je suis passionnée de tissus. J’en ai chiné où que je sois et dans tous mes voyages (Japon, Turquie, Chine, etc…).
Vous avez eu l’idée de créer maison Ravn en 2015, un peu par hasard, lors d’un séjour en Turquie. Une histoire de tissu…?
Aux Beaux Arts, j’ai appris que pour éprouver la beauté d’un objet, il faut le regarder dans un miroir. J’ai appliqué ce conseil alors que j’étais en Turquie, avec un magnifique tissu que je tenais entre les mains. En le voyant dans la glace, je me suis dis qu’il ferait un magnifique sac. Je suis allée voir une couturière sans aucune notion de ce qu’il fallait faire et j’ai réalisé mon premier sac.
Pourquoi un sac ?
Ce n’est pas un hasard. Plus aucun sac ne me faisait rêver ! A partir d’un certain moment, quand on a eu la chance de s’offrir les plus beaux it bag, on cherche autre chose…
Qu’est ce qui vous a décidé à réellement fonder votre marque ?
Ma rencontre avec Kate Moss, à Bodrum. J’ai posé mon sac sur le bar, elle l’a vu et l’a adoré. Je l’ai immédiatement vidé et le lui ai tendu. Elle a d’abord refusé, et je me suis surprise à dire « Take it, I make them ! ».
Quel est le concept de maison Ravn ?
Une marque où chaque sac est unique. Nous ne sommes pas une maison de mode. On créé des objets précieux numérotés garantis à vie. Nous ne produisons que 6 à 8 sacs par thème et mettons entre 3 et 5 mois pour les réaliser.
Pourtant, vous ne connaissiez rien à la maroquinerie ?
En effet. J’ai cherché des fabricants à Florence pour créer mes premiers prototypes. J’ai littéralement frappé aux portes. Ils m’ont prise pour une extraterrestre. Puis je me suis tournée vers des ateliers parisiens.
D’où le made in Paris… Avec combien d’ateliers travaillez-vous ?
Avec 3 ateliers labelisés « entreprise du Patrimoine Vivant » et la prestigieuse maison Lesage pour les broderies restaurées par leurs soins.
Quelle est votre gamme de cuirs et d’étoffes précieuses ?
Le python, le watersnake, le lézard, l’autruche, le galuchat, le croco, le vison… J’ai une passion pour les tissus ottomans du 19ème, mais bien sûr il y a aussi des soies lyonnaises, des tissus d’Aubusson, les premiers denims génois du 16ème, des velours vénitiens du 18 ou 19ème siècle, des tissus japonais ou chinois de la même époque.
Certains tissus coutent entre 8000 et 9000€…
L’ultra luxe, c’est quoi ?
A l’instar de la haute couture, dans la haute maroquinerie, tout est fait main et est de grande qualité. Il n’y a aucune zone d’ombre finalement, le luxe c’est le temps de bien faire. Il faut chiner, restaurer, imaginer, assembler, faire la navette entre les différents ateliers…
Avez vous une ligne stylistique ?
Pas vraiment puisque nous pouvons « tout » faire et qu’il n’y a pas de notion de saisonnalité dans nos collections. Au début, nous avons commencé par produire des mini séries en nous adaptant à l’identité de la clientèle des concept stores pour lesquels nous développions une capsule. Mon principe, c’est d’impliquer de plus en plus le client dans le processus de création. J’ai toujours souhaité développer ce lien.
C’est pour ça que vos sacs sont aussi baptisés du nom choisi par leur propriétaire ?
Oui. Non seulement cela permet de les enregistrer dans nos archives, par exemple sous le modèle « Katarina 3 », mais aussi de pouvoir connaître exactement quels martiaux ont été utilisé en cas de réparation puisque le sac est garanti à vie. Plus largement, nos clients peuvent opter pour les cuirs et les étoffes qu’ils souhaitent, même des tissus personnels. Nos possibilités de création sur-mesure sont infinies.
Le portrait bag est-il une façon de pousser ce principe ?
J’ai envie de m’inspirer du questionnaire qu’avait élaboré l’artiste britannique Tracy Emin afin de trouver des phrases néon en adéquation avec ses commanditaires ! De mon côté, ce questionnaire permettrait de créer un portrait bag en adéquation avec son propriétaire ! Je ne cherche pas à me vendre mais à faire s’exprimer la personnalité des clients, de ce qu’ils sont.
Quelles sont les personnalités célèbres qui portent vos créations ?
Maison Ravn a conçu un sac aux couleurs de la Suède pour Helena Seger, la femme d’Ibrahimovic pour l’Euro 2016. Un autre pour Heidi Klum. Pour Rihana aussi, très punk, très fluo, très Rn’B ! Nous avons aussi réalisé une coque d’Iphone pour Karl Lagerfeld – avec son chiffre fétiche, le 7, et choupette.
Vos réalisations les plus incroyables ?
La collection pop pour L.A., avec le visage de David Bowie, celle de Miami, avec des constellations d’étoiles.
Et celles à venir ?
J’aimerai intégrer des pierres précieuses. Je suis en discussions avec un sertisseur suisse à ce propos et des clientes du Moyen Orient.
Décrivez-nous la collection pour l’Eclaireur qui sortira mi-janvier.
Je l’ai imaginée autour des animaux sauvages : biche, papillon, loup, chat, hibou, dans des couleurs mystiques car pour moi, l’Eclaireur rime encore avec Fornasetti.
Vous venez aussi de lancer une ligne masculine selon le même principe ?
Des sacoches et des sacs à dos, ainsi qu’un grand sac fourre tout commandé par le mannequin Baptise Giabiconi.
Quel développement imaginez vous pour maison Ravn ?
De faire des malles. Sans vouloir la grosse tête, j’aimerai donner corps à une maison Ravn remplie de pièces uniques –de la vaisselle aux meubles en passant par les tapis. Il y a tellement de combinaisons possibles.
Egérie et ambassadrices ?
La mannequin Louise Lefebure et l’influenceuse Pernille Teisbaek.
- Interview / Judith Spinoza
- Ad / Vinz
- Produced / 1nstant.fr