L’INTERVIEW DE CLARA DAGUIN : LUMINEUSE

Elle a grandi entre Cupertino et Santa Clara en Californie. Crée des silhouettes de créatures lumineuses dans son atelier parisien de 70 mètres carrés. S’empare de la technologie au nom de la mode. La Franco-américaine Clara Daguin fascine par les LED. Interview by Adèle Bari.

CLARA DAGUIN 1NSTANT INTERVIEW

CLARA DAGUIN 1NSTANT INTERVIEW

CLARA DAGUIN. Collection : Robe Couture interactive lumière. 1NSTANT INTERVIEW

CLARA DAGUIN. Collection : Robe Couture interactive lumière. 1NSTANT INTERVIEW

CLARA DAGUIN. Collection : Robe lumière. 1NSTANT INTERVIEW

CLARA DAGUIN. Collection : Robe lumière. 1NSTANT INTERVIEW

CLARA DAGUIN. Collection : Veste bombardier en velours avec passepoil réfléchissant. 1NSTANT INTERVIEW

CLARA DAGUIN. Collection : Veste bombardier en velours avec passepoil réfléchissant. 1NSTANT INTERVIEW

1NSTANT.FR

INTERVIEW avec Clara Daguin
Elle a grandi entre Cupertino et Santa Clara en Californie. Crée des silhouettes de créatures
lumineuses dans son atelier parisien de 70 mètres carrés. S’empare de la technologie au nom de la
mode. La Franco-américaine Clara Daguin fascine par les LED qu’elle insère dans ses vêtements. Si
certaines de ses créations se portent difficilement dans le monde extérieur, elle a bien plus d’ambition
et ne cesse de repousser ses limites.
Vos créations semblent tout droit tirées de personnages imaginaires. Qui vous inspire ?
Je pense d’abord à la matière, aux matériaux que je vais utiliser pour faire parler la lumière, puis à la
personne qui va l’incarner, ce qui m’aide à déterminer la forme globale, le volume et le graphisme
autour du corps. Mais je pense qu’au fond de mon esprit résident des muses préraphaélites et
Klimtesques, des figures médiévales, du Botticelli. Pour moi, la science-fiction n’est pas une source
d’inspiration visuelle mais conceptuelle. J’aime les expériences holistiques et new age, les histoires de
gourou, la manière dont on tente de s’émanciper pour finalement être à nouveau à la merci de l’autre –
de même pour la technologie – c’est la matrice qui nous contrôle et pas l’inverse.

CLARA DAGUIN 1NSTANT INTERVIEW
CLARA DAGUIN 1NSTANT INTERVIEW


Quand avez-vous commencé à vouloir travailler dans la mode ?
J’ai toujours fait de la couture, mais il m’a fallu découvrir le travail de Martin Margiela, Hussein
Chalayan et Alexander McQueen -juste avant de commencer mon Master aux Arts Décoratifs à Paris-
pour comprendre que la mode peut exprimer un concept.
Vous décrivez votre mode de “Computational couture”. D’où vous vient ce terme ?
Computational – qui vient de Compute (solve – résoudre) – est un processus de calcul par une méthode
définie, en entrant un input pour arriver à une solution, ou output. C’est un terme emprunté mais qui
fait sens à la fois dans le processus de confection des pièces intégrant de l’électronique, et dans le
code informatique que j’utilise qui “compute” pour générer des effets visuels sur le vêtement.
Qu’aimez-vous tant dans la lumière ?
L’évocation spirituelle inhérente à la lumière et le fait qu’elle parle à tout le monde. On est tous émerveillés face à quelque chose qui s’anime et s’illumine.
Connaissez-vous d’autres créateurs ou artistes qui ont déjà intégré des lumières artificielles
dans leurs vêtements ?

Le premier reste Olivier Lapidus qui intègre de la fibre optique avec Brochier Soieries en 2000, avant
qu’Hussein Chalayan ne conçoive, en 2007, une robe avec des leds qui dépeignaient l’évolution d’une
fleur. En 2012, la marque Cute Circuit a conçu une robe lumineuse qui réagit à des tweets, puis je pense également à la robe réalisée par Zac Posen pour l’actrice Claire Danes au Met Gala de 2016.
Pensez-vous que la technologie ait toute sa place dans la mode et encore plus aujourd’hui ?
Si vous regardez dans le métro, le train, dans la rue, au restaurant… Le téléphone portable est presque
devenu une extension de la main, la connexion au réseau est permanente. Le vêtement est une
extension de la peau et d’une certaine manière la prolongation de ce qu’on veut exprimer de soi-
même, et devrait aussi pouvoir être activé. Pourquoi pas avoir un vêtement qui s’exprime et qui
interagit en extension de notre être ?

CLARA DAGUIN. Collection : Robe Couture interactive lumière. 1NSTANT INTERVIEW
CLARA DAGUIN. Collection : Robe Couture interactive lumière. 1NSTANT INTERVIEW


Vous semblez également attachée à la recherche médicale. Que vous fascine-t-il autant dans la
médecine et l’innovation ?

D’abord par mon rapport intime à la technologie par le diabète qui m’oblige à être dans un quantified
self (mesure de soi) permanent, puis par l’univers très technique et scientifique: les outils en métal, le
vêtement uniforme et de protection ou encore l’approche méticuleuse et ordonnée dans le traitement
de la recherche. Mon envie perpétuelle d’aller de l’avant, de repousser les limites, et en même temps
le scepticisme envers la nouveauté et l’avant-garde, cette dichotomie dans la nature humaine est
fascinante.

CLARA DAGUIN. Collection : Robe lumière. 1NSTANT INTERVIEW
CLARA DAGUIN. Collection : Robe lumière. 1NSTANT INTERVIEW


Si l’on observe vos créations, à première vue, vos vêtements semblent peu portables.
Personnellement, j’aperçois très souvent votre bomber griffé de vos initiales. Quelle est votre
ambition à travers votre marque ?

À terme, j’aimerais arriver à un Gesamtkunstwerk (une œuvre d’art qui fait appel à toutes les formes
d’art, un concept issu du romantisme allemand au XIXème siècle, NDLR). De créer un univers total,
qui part du corps et qui investit toutes les surfaces. Pourquoi ne pas habiller une chaise, un mur, une
chambre, un hôtel ?

CLARA DAGUIN. Collection : Veste bombardier en velours avec passepoil réfléchissant. 1NSTANT INTERVIEW
CLARA DAGUIN. Collection : Veste bombardier en velours avec passepoil réfléchissant. 1NSTANT INTERVIEW


Votre récente collaboration avec La Redoute prouve que vos vêtements peuvent se porter au
quotidien. Pouvez-vous nous parler de cette collaboration et des vêtements que vous proposez ?

Il y a trois pièces, une déclinaison de mon bomber “Aura”, une robe/tunique et un pantalon de
survêtement. Ces trois vêtements se rapprochent de l’univers du sportswear et sont effectivement très
faciles à porter. Le pantalon peut s’élargir grâce à ses zip invisibles sur les côtés, pour avoir plus
d’aisance et de mouvement dans le porté. La robe peut s’enfiler fermée ou ouverte, cintrée ou non.
Cette collaboration permet de proposer des pièces plus accessibles et de toucher une clientèle plus
large.



        

 


 

 



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