Models Anastasia chez @suprème/ Kiana @Marilynagency / Photography @Jeanphilippelebee / Style @Christinelerche MakUp @corinnefouet / Thanks @Valentinamazuera
De l’extérieur c’est un trait horizontal flanqué de cubes et de trapèzes de blocs. En son coeur plane cette saveur passée qui écaille les murs. Le mobilier fonctionnel et les tables de nuit en bois. Les lampes, le carrelage, les radiateurs, les grandes baies vitrées. Chaque détail, dans la Maison Louis Carré est un vêtement posé avec précision sur le béton et le bois qui la composent. Pas un simple cadre, ni un décor. Un habit qui se plie au mouvement. Celui des années cinquante qui fait de l’art une façon de mieux vivre, même un « 1nstant »…
Trait d’union
Louis Carré, Avar Aalto. Un français, un finlandais ; un galeriste, un architecte. Leur point commun, c’est cette maison, achevée dans les Yvelines en 1959 afin d’abriter la collection d’art contemporain de Louis Carré. Communément décrite comme un chef d’œuvre de l’architecture moderniste, cette maison aux lignes fluides a été conçue comme une oeuvre totale dans laquelle le plan, les meubles et les matériaux distillent, aujourd’hui encore, l’élégance et la saveur d’un mode de vie pas si lointain. 1nstant a choisi de rappeler en ces lieux modernistes la mémoire des soirées mondaines, les séances de travail avec Cocteau et les parties d’échecs avec Duchamp de son propriétaire. D’insuffler à ses mannequins l’empreinte féminine d’Elissa Aalto, l’épouse d’Alvar Aalto, ainsi que Olga Carré, troisième femme de Louis Carré. De perdre son spectateur dans un savant mélange de genres et d’époques.
Lost un instant.
Entre l’architecture, l’art et le design, la mode impose ses lignes irrégulières, son mouvement nonchalant et ses tournures de style. Kiana et Anastasia voguent entre les époques. Elles sont sans âge et tous les âges à la fois. À leurs moues modernes répond la pose, moderne elle aussi. Et la veste en jean Sézane, les bottes Louboutin, le soutien gorge Celine, le micro sac Louvreuse et les baskets AZ Factory. On appelle cela une attitude. Soudain, s’y superpose l’allure. Celle des femmes of the fifties, joliment coincées dans leur culotte taille haute Sandro ou leur ceinture délicate d’Aline Schmitt et bourgeoisement enserrées par une mini veste Chanel ou une maille crochetée Claudie Pierlot. Quand le pied de poule se fond sur un bustier en cuir, la translation est définitivement achevée.